C’est le 30 novembre que notre petit groupe de 12 embarque à bord d’un TGV à destination de Marseille. A nous les Calanques, la Grande Voie et l’aventure de folie ! (On ne le sait pas encore, mais les grèves massives de la SNCF vont nous mettre un taquet. Nous y reviendrons plus tard.)
On embarque donc, et le trajet nous amène très vite à bon port. Les voitures sont récupérées, les courses ont été livrées au gîte, c’est royal au (wagon) bar. L’heure de l’apéro a sonné et il nous faut préparer la première journée de GV ! Quatre triplettes sont constituées et partent sur le secteur Crêt Saint Michel, à Morgiou sous un ciel azur éclatant.
Un rappel récap de rappel pour favoriser la descente en récap rappel et nous nous élançons. Pas un nuage. Le rocher est un peu pas mal patiné. Certains s’embarquent sur des 5c 6a+ en tirant au clou (on a dit qu’on avait le droit). Deux triplettes finissent à peine leurs voies que le ciel s’assombrit. En une fraction de seconde, les petites gouttelettes se transforment en déluge, les prises en piscine et les voies en patinoire. Vite vite il faut tout replier.
Mais la marche de retour est longue et les deux premières équipes sont rentrées avec les voitures. « Prenez le bus B1 » nous écrivent- ils « ça ne prend que 35 minutes ». Nous sommes transis.
La bonne surprise est de les voir nous attendre au parking. Une sacrée bande de farceurs !
Le reste de la journée va consister à prendre l’apéro tout en écoutant de la très bonne musique et à préparer le repas du soir.
Après cette journée de découverte GV, il est temps pour les apprentis de scinder les triplettes pour former des binômes. Il faut choisir sa voie. Pour certains, ce sera The Big Lebowski, pour d’autres Antécime et enfin pour les derniers Melody.
L’excitation est à son comble, on se lève aux aurores pour profiter à 100% de cette journée exceptionnelle. Mais c’est à nouveau un déluge qui s’abat sur le groupe à peine garés au parking. Le moral des troupes ne flanche nullement. Nous patienterons. Et notre enthousiasme sera récompensé : nous nous élancerons 30 minutes à peine après notre arrivée, sous un ciel toujours plus dégagé.
Certains finissent plus tôt. Très tôt. Trop tôt. Les plus courageux auront le temps de se baigner.
D’autres binômes embarqués sur des rappels (foireux) mettront plus de temps. Mais le rocher est excellent, l’ascension est épique et c’est sous un soleil couchant faisant rougir les pierres qu’ils atteindront le sommet de leur voie.
La fatigue (et la faim) se font ressentir mais les sensations du jour renforcent les sourires sur chaque visage ! Même la bonne vieille blague du bus B1 pour les retardataires les fait rire (jaune). L’euphorie de la journée est contrecarrée par un détail. On vous l’avait dit. Les grèves de la SNCF s’en sont mêlées. Notre train retour est supprimé. Les autres complets.
Peter prend les choses en mains : ordinateur sous la main, téléphone dans l’autre, musique d’attente sympathique dans les oreilles, il s’acharnera pour obtenir quelqu’un au bout de la ligne. Et là… quand on ne s’y attendait plus… Nathalie prend l’appel. Une connexion s’établît. Une connexion qui nous dépasse tous. La magie opère. La discussion est fluide. Il faut épeler chaque nom (« B comme Bandol »), prénom, adresse, date de naissance. La liste est longue. Nous savons que nous jouons contre la montre. Nathalie est patiente. Mais la gare ferme, le service « billets de groupe » indisponible le WE et nos chances de rentrer sur Paris s’amenuisent. Nath (💛) fera tout. Tout ce qui est en son pouvoir. Mais il faut se rendre à l’évidence, elle ne peut rien pour nous. Il faudra aller le plus tôt possible au guichet le lendemain.
À 6h30, l’équipe d’orga se réveille pour affronter les méandres de la SNCF. On hésite à prendre le bus B1.
À 7h15, les yeux collés, on attend notre tour au guichet. On sent que ça va être compliqué. En plus, le chef de la boutique tente en vain de connecter la box internet à son distributeur de tickets. Ça fout un bordel pas possible. Il y parviendra (sous nos applaudissements) après une bonne demi-heure de suspens pendant laquelle nous essaierons d’établir un contact (intéressé bien sûr).
Il s’enfuira dans son bureau et nous ne le reverrons jamais. La légende raconte qu’il n’a pas supporté d’avoir réparé un seul des deux distributeurs de tickets.
Après une nouvelle demi-heure d’angoisse, un autre chef appelle « Nath » et nous (Peter) serons déçus de ne pas reconnaître l’élue du téléphone. On nous annonce le plus simplement du monde qu’une solution nous a été trouvée et que nous pourrons rentrer dimanche !
C’est la joie ! L’allégresse ! Nous sommes si contents qu’on ne peut réfréner l’envie de faire une petite blague (de mauvais goût) aux autres. Ce petit moment de flottement passé et une sieste plus tard, il est grand temps de revenir au motif de notre venue : la grimpe !
On décide de partir apprendre différentes manips sur un secteur de couenne : noeud de cabestan, demi-cab, remontée sur corde, moufflage, certains pourront même grimper quelques voies.
C’est une fois encore cette maudite pluie qui nous fera plier bagage.
L’après-midi est libre : sieste et chill pour certains, arkose bloc pour ceux qui n’en ont jamais assez ! Le sauna est malheureusement en panne mais les voies s’enchaînent sous les conseils et encouragements de chacun. Après que certains aient passé leur temps à faire des tractions sur des pas de dalle, à 19h plus personne n’a un seul muscle fonctionnel. On rentre au bercail pour la traditionnelle chouille de fin de séjour !
Le jeu Cravmacall Gartic Phone fera honneur aux plus belles expressions de la langue française et fera pâlir de jalousie les plus grands artistes de ce monde.
La musique nous accompagnera jusqu’à ce que l’on tombe de fatigue.
Le dimanche est un peu triste. Il faut rentrer malgré un ciel plutôt clément. Une bourse à la bouffe est organisée et « c’est vraiment pour dépanner » que chacun repartira avec 4kg de denrées.
C’est qu’on avait prévu large sur deux-trois trucs. Notre épais pique-nique sous le bras et nos sacs de courses pour la semaine remplis, nous partons pour la gare SNCF pour rentrer à la maison, émerveillés de notre séjour marseillais. Tout le monde n’aura pas nécessairement une place assise mais ça ne semble gêner personne.
Merci au super groupe de grimpeurs pour leur énergie !!