Si grimper les plus belles voies tu voudras, au chant du coq, tu te lèveras. Il n’y a pas de coq à Paris mais l’adage se vérifiera tout au long de notre séjour au pays d’Aristote.

C’est donc à 5h30 que nous nous retrouvons donc tous à Orly, pour nous envoler vers l’île de Kos. Nous arrivons juste à temps pour déguster nos premières moussaka et salades grecques, caresser les premiers chats errants, puis prendre le bateau vers Kalymnos.

Arrivée à notre QG, la blue villa, nous inaugurons le premier apéro sur la terrasse avec vue panoramique sur le village de Panormos, et établissons les premiers plans pour le lendemain.

Après avoir fait une frayeur au loueur de scooter en essayant ses deux-roues, c’est en voiture que nous décidons de parcourir l’île pour la semaine à venir.

La première journée se fera sur les hauteurs du village d’Arginonta. Départ au chant des nombreux coqs du voisinage donc. Nous prenons nos marques sur des voies très bien équipées, avec une roche calcaire adhérente à souhait, et une vue à couper le souffle. Je m’enthousiasme sur les voies et parle à Aubry d’une voie que je viens de faire: “j’ai réussi à caler un knee-bar dans un trou, ça tient de ouf”. A côté, Agathe me lance un regard incrédule. Un nibard dans un trou? 

Quand les premiers rayons du soleil touchent la paroi, direction la plage d’à côté pour y tester la baignade. Certains explorerons les fonds marins, où se côtoient poissons, oursins, sacs plastiques et morceaux de machine à laver. D’autres se contenteront de se dorer la pilule sur la plage de galets. 

Les autres journées suivront peu ou prou un schéma similaire: grimpe à l’ombre le matin, baignade l’après-midi, dîners avec vue sur la ville le soir. 

L’offre de grimpe à Kalymnos est pléthorique. De nouveaux secteurs sont équipés tous les ans, et même dans le 5ème degré, nous rencontrons très peu de patine sur les voies et globalement peu de gens en ce début de saison. 

Bref, on profite. 

Mais après 3 jours à appuyer nos doigts sur des gouttelettes et des picots, il faut admettre l’évidence: plus grand monde dans le groupe n’a encore d’empreintes digitales. Le quatrième jour, c’est donc repos. Les plus matinaux font une petite session trail puis rejoignent la team rando pour aller visiter une des nombreuses églises du coin, à flanc de colline. L’après-midi, ça sera baptême de plongée pour les uns, tandis que les autres exploreront une vallée verdoyante de l’autre côté de l’île.

Le lendemain, c’est la reprise avec une excursion spéciale sur la majestueuse île de Talendos. On s’y rend en petit bateau de plaisance, qui nous dépose sur les rochers, près des secteurs de grimpe. Là nous attendent des couennes de 30 à 40m, avec une vue magnifique sur Kalymnos. A côté de nous, ça parle anglais et on reconnait instantanément la grimpeuse pro Hazel Findlay qui coache un groupe de grimpeurs. On lui pardonnera d’avoir squatté 10 voies simultanément avec son groupe. On déjeune dans une immense cave à l’ombre, puis on change de secteur pour finir la journée à l’ombre. Aubry, au taquet, enchaînera à vue un 6c pas donné. 

Le dernier jour, la fatigue aidant, on décide d’aller explorer le secteur autour de la mythique Grande Grotta. C’est pas loin, sur le topo il y a écrit 15 min d’approche, sur le papier tout allait bien. C’était avant de voir la tête des 15 min bien abruptes de ladite approche, et sans compter la distraction de l’équipe à la vue d’une chèvre près du secteur. En un instant, certains furent pris d’une irrésistible envie de communiquer avec l’animal. Il y eu des tentatives de parler sa langue, de se rapprocher physiquement d’elle, et même de la toucher. Infatués par le quadrupède, on poursuit finalement notre route pour nous rendre compte qu’en fait, sur ce secteur, il y a des chèvres partout, apparaissant au détour de la falaise ou émergeant des cavernes de la paroi, parfois par grappes entières. 

Le dernier soir, on se pose à la villa pour le dernier dîner du séjour. Tout est calé pour le lendemain, le rendu des voitures, des clés de la maison, le pick up pour le bateau. On est bien. On lance un quizz musical qui démarque immédiatement en âge ceux qui reconnaissent A-ha ou Britney Spears. Il est près de minuit, on est fatigués mais encore là. Tout à coup, la voix de Flo s’élève. “Je vais quand même vérifier l’heure du bateau demain”. Le quizz continue, ça buzze, ça chante. La voix de Flo reprend: “Euh… les gars on s’est planté. Le bateau n’est pas à 9h, c’est à 7h je crois bien”. Comme dans les films, la musique s’arrête, les têtes se tournent, un ange passe. “Oh merde!” Dans les minutes qui suivent, on élabore des plans B, C, D. Comment rendre les clés de la villa et des voitures à 6h du mat au proprio qui lira nos messages quand nous serons déjà partis, et se rentre au port. On évoque la possibilité de louer un bateau, voire même de courir à pied les 7km jusqu’au port. Au final, on trouve des taxis compréhensifs et on terminera notre nuit sur des transats face à la mer, à Kos. Avant de prendre un ultime petit déj les pieds dans le sable, et de reprendre l’avion pour Paris, achevant ainsi la première sortie Grimpo6 hors des frontières françaises.